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Photo du rédacteurL Leroux, MBA, PCC, CRHA

Le perfectionnisme, qualité ou défaut?

Dernière mise à jour : 3 janv. 2020



“Celui qui reconnaît consciemment ses limites est le plus proche de la perfection.”

Johann Wolfgang von Goethe


En séances de coaching, on constate l'incidence de certains traits de personnalité sur le leadership exercé d'une personne. Il peut arriver de confondre les comportements et les traits de personnalité entre une personne consciencieuse ou perfectionniste. On associe souvent un individu consciencieux à quelqu'un qui est travaillant, organisé, méticuleux et persévérant qui sait doser ses efforts pour obtenir ses objectifs sans pour autant négliger certains détails clés. Réaliste, flexible et prévoyant, il s'ajuste au contexte en fonction des exigences, des difficultés et de l'importance des travaux à réaliser. Il éprouve de la satisfaction dans la réalisation et l'atteinte réalistes des objectifs fixés. Contrairement, à l'individu consciencieux, le perfectionniste possède des standards d'excellence très élevés qui sont parfois impossibles voire difficilement atteignables (la perfection!) d'où son manque continu de satisfaction. Il peut paraître moins flexible dans ses choix, ses priorités et ses façons de faire. Le souci des détails prend une très grande place par rapport à l'ensemble et à l'importance des tâches à exécuter. Par conséquent, il ne calcule pas ses efforts et n'hésite pas à se surinvestir au détriment de d'autres activités. Le perfectionniste se juge très sévèrement car sa valorisation personnelle passe principalement par ses succès et ses réussites. La moindre erreur ou échec est souvent une source d'anxiété, de honte ou de culpabilité puisqu'il vit dans la crainte de décevoir et de ne pas répondre aux attentes. Plusieurs degrés existent, le perfectionnisme peut être qualifié de normal (positif) à pathologique (1) et engendre une double connotation positive et négative. Il est axé sur soi-même; autrui ou la perception des autres. Certains comportements perfectionnistes peuvent avoir des conséquences néfastes sur la performance, la santé (stress, troubles anxieux, dépressif, concentration, etc.) et les relations en milieu de travail (hostilité); d'où l'importance d'en repérer les causes et les effets nuisibles.


Quels sont les impacts du perfectionnisme?

Il existe deux visages au perfectionnisme en termes d'avantages et d'inconvénients. Pour les effets positifs, le perfectionnisme peut pousser l'individu à de grandes réalisations grâce à la motivation de se dépasser et s'accomplir. Cela permet une valorisation et une reconnaissance des pairs. Personne organisée et méticuleuse, le souci des détails et la ténacité dans l'atteinte d'une qualité peuvent s'avérer un avantage indéniable pour certains types de profession. En contrepartie, les effets négatifs du perfectionnisme au travail peuvent être nombreux comme par exemple une faible productivité, une procrastination, un manque de souplesse, une mauvaise gestion des priorités ou un problème d'efficacité personnelle, une mauvaise délégation, une difficulté au niveau des relations interpersonnelles, une augmentation de stress causée par des exigences irréalistes, etc.


Comment réduire les effets négatifs du perfectionnisme? Les attitudes et les comportements demandent une certaine réflexion et certaines actions améliorer la situation.

1- Prendre conscience: La prise de conscience du perfectionnisme et de ses impacts permet de faire des constations importantes. Ces dernières servent à établir et corriger les comportements pour qu'ils soient jugés plus acceptables.


2- Découvrir les croyances: Il faut prendre conscience des valeurs, des croyances et des pensées automatiques qui sous-tendent le perfectionnisme en termes de réussite, d'accomplissement et de valorisation personnelle. Il faut remettre en question les schémas de pensées pour mieux s'ajuster aux diverses situations.


3- Ajuster les pensées: Il faut ajuster la façon de penser qui est souvent erronée, incohérente ou généralisée, par exemple le perfectionniste a tendance à voir le côté extrême des choses: c'est-à-dire "tout (parfait)" ou "rien (inutile)". L'objectif est de les neutraliser en les repérant dès leur apparition et en remplaçant ces croyances déformées par des affirmations plus nuancées, positives et réalistes. Pour ce faire, on peut noter les pensées par écrit, identifier les croyances erronées ainsi que les émotions survenues lors des événements pour en prendre conscience. Par la suite, développer un réflexe pour corriger les pensées automatiques par les nouvelles.


4- Revoir les objectifs: Étant donné que le perfectionniste a tendance à avoir des objectifs irréalistes, il serait bon de les revoir, les définir et aussi les prioriser pour qu'ils soient plus réalistes et atteignables. En réajustant ses propres exigences et ses attentes, le perfectionniste fait preuve de plus de flexibilité mais gagnera aussi en confiance, en motivation et en satisfaction quand il verra que sa progression versus ses objectifs. Cela développera son sentiment d'efficacité. De plus, la priorisation des objectifs lui permettra de bien doser (et valoriser) ses efforts et son temps en fonction de l'importance des différentes tâches à accomplir.


5- Expérimenter: Il s'agit de faire l'apprentissage, l'expérimentation des résultats et des conséquences des comportements modifiés. Il faut non seulement voir les résultats obtenus mais aussi faire preuve d'ouverture tout en apprenant des erreurs pour s'ajuster par la suite. Pour ce faire, le perfectionniste doit arrêter de tout contrôler, se donner le droit à l'erreur, dédramatiser les conséquences possibles et reconnaître qu'il s'agit d'un processus d'évolution et d'apprentissage tout à fait normal.


6- Suivre la progression: Suite à la reformulation des schémas perfectionnistes, il suffit de suivre les progrès et prévenir les rechutes possibles des anciens comportements.


En terminant, une mise en garde: Comme nous l'avons vu, le perfectionnisme relève d'un trait de personnalité qui peut être parfois très difficile à modifier et peut exiger l'intervention soutenue d'un professionnel en psychologie. Il est important de reconnaître la différence entre un perfectionnisme normal ou pathologique [1], les impacts et les symptômes (dépression, anxiété, trouble appétit ou autres) pour aller chercher toute l'aide qualifiée car le perfectionnisme peut être aussi un symptôme d'un trouble plus grave. Il peut nécessiter une thérapie avec un spécialiste reconnu et qualifié.


Voici certaines références qui pourront vous aider à en connaître plus sur le sujet:

  1. Ramirez Basco, Monica, Y a-t-il des perfectionnistes heureux?, Les Éditions de l'Homme, 2015

  2. Frédéric Fanget, Toujours mieux!: psychologie du perfectionnisme, Éditions Odile Jacob, 2006

  3. Huffington Post, 14 signes que votre perfectionnisme va trop loin, http://quebec.huffingtonpost.ca/2013/11/29/14-signes-que-votre-perfectionnisme-va-trop-loin_n_4350698.html

  4. Société canadienne de la psychologie, http://www.cpa.ca/lapsychologiepeutvousaider/perfectionnisme/

[1] La Revue canadienne de psychiatrie, vol 41, no 5, juin 1996, Le perfectionnisme : Aspects conceptuels et cliniques

Louise Leroux, Tous droits réservés.

Note: Si vous souhaitez partager ce texte, prière de le publier dans son intégralité et en totalité en citant sa source.


Notes sur l'auteure: Louise Leroux est consultante en gestion, formatrice agréée et coach professionnelle certifiée (ICF). Elle est titulaire d'un M.B.A. et B.A.A. ainsi que d’une certification P.C.C en coaching. Auteure du livre Bonheur et Leadership, elle enseigne aussi comme chargée de cours en management à HEC Montréal et comme formatrice au Carrefour de perfectionnement de la Polytechnique à Montréal. Site WEB: www.louiseleroux.com

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